Semaine 4 (par le narrateur au passé simple )
Après avoir vu des montagnes millénaires, la jungle amazonienne et, le weekend dernier, le Lac Titicaca, la dernière semaine en Bolivie se profilait déjà. Samedi nous partirions, d’ici-là, nous avions une mission à achever. Il fallait alors user du peu de temps qui nous restait pour finir de bâtir la salle de physiothérapie à la date prévue. Pour ce faire, la majorité de notre effectif serait employé au quotidien sur le chantier.
Il restait beaucoup à faire, la mosaïque n’était pas encore totalement achevée, les murs intérieurs et extérieurs n’étaient pas encore peints et le sol restait à poser. Autant dire que notre temps serait très largement mis à contribution, il s’agirait peut-être même de faire des heures supplémentaires.
Les derniers jours passèrent ainsi. A l’orphelinat, nous nous activions comme jamais, déterminés à accomplir notre mission, tandis que les soirées, nous les passions en compagnie de nos familles ou entre amis, à profiter des derniers moments que la Bolivie avait à nous offrir. Certains se réunirent pour, dans la plus grande convivialité, s’exercer à la musique d’ici et d’ailleurs. En parallèle, d’autres étaient guidés dans les lieux les plus atypiques de la ville par Saul. Ainsi, chacun et chacune vaquait à sa guise le soir venu, tous bien décidés à faire du temps qui leur restait les plus beaux souvenirs de ce voyage devenu déjà mémorable.
Inévitablement, notre dernier jour au centre Maria Cristina vint. Le matin-même, le sol serait posé, ce qui signifiait qu’ici notre travail, notre mission, notre projet prenait fin. Il ne restait plus qu’à poser la plaque commémorative et à donner les clés.
Puis nous nous retrouvâmes, enfants, aides-soignants et membres de la délégation, dans la cantine pour une fête d’adieu. Les rires ne tardèrent pas à retentir une fois la musique lancée. Il s’agissait alors de, tous ensemble, danser, s’amuser et aimer. C’est là, sans nul doute, le moment le plus fort et le plus riche qui ait été donné de vivre durant ce voyage. L’émotion était alors à son comble, et les larmes, lourdes de tristesse et de bonheur à la fois, roulaient dorénavant sur les joues d’étudiants changés. Pourtant, avant de s’en aller, il nous restait un dernier cadeau à offrir. Nous avions écrit, sur l’air du Temps des Cathédrales, une chanson rappelant combien nous aimions la Bolivie, combien nous sommes heureux d’être ici. Ainsi, accompagnés d’une guitare, nos quinze voix retentirent une dernière fois en Maria Cristina.
« Nous pouvons maintenant nous en aller, Le cœur satisfait, Notre mission est achevée,
Chère Bolivie, tu nous auras donné, Des souvenirs par milliers, Pourrions-nous un jour t’oublier ? »
Voici les mots qui clôturaient notre chanson, voici les mots qui clôturaient notre mission et notre séjour en Bolivie. Nous venions de vivre un moment hors du temps, chargé d’émotion et à jamais marqués dans nos mémoires. Nous pouvions réellement nous en aller, le cœur satisfait maintenant que notre mission était achevée. La Bolivie nous aura tant donné, nul ne saurait jamais l’oublier. Dès le lendemain, notre avion nous attendait. Dans nos regards se mêlaient peine et fierté, bonheur et tristesse. Nous laissions derrières nous des amis et des souvenirs, mais nous revenions bien plus grands qu’auparavant. Nous serions quinze dans cet avion, nul autre que nous n’en saurait rien, mais nous étions heureux.